L’interaction entre les grands paysages du Québec et les artistes américains nous offre une promenade où l’esprit du visiteur vagabonde entre histoire du lieu et performance.
Du 05 Juillet au 13 Octobre 2014, les Jardins du Précambrien ouvrent leurs portes, à proximité de Val David dans Les Laurentides.
La Fondation Deroin vous invite à venir sillonner plus de 3 kms de sentiers au cœur d’une forêt et découvrir le Symposium de cette année.
Mr Deroin et ses œuvres
Vivre avec des œuvres d’art rangées dans des cartons n’était pas envisageable pour cet artiste. Il souhaite transmettre et faire vivre ses œuvres hors du temps. Comme nous l’explique Louise, membre de la fondation : « Pour un artiste c’est difficile de vivre avec une œuvre en boîte ». René Deroin libère alors ses œuvres pour la première fois en les jetant dans le fleuve Saint Laurent pour qu’elles poursuivent leur évolution au sein du milieu marin.
C’est alors qu’il décide de confronter les œuvres d’arts à la nature et les laisser évoluer avec le temps dans un milieu naturel.
Il s’associe avec des artistes du continent américain et utilise son terrain pour allié nature et art.
Robert qui est un habitué des lieux nous explique l’évolution des interactions entre les œuvres et la forêt : « J’ai suivi le projet depuis ses tout débuts, et j’en ai suivi son évolution. Ça a commencé par un projet qui devait être au service des arts et puis finalement ce sont les arts qui sont aux services de la nature et ce changement dans l’évolution, j’ai trouvé cela extraordinaire. Et quand on voit les œuvres, si on les analyse en fonction de la nature, ce sont les œuvres qui apportent quelque chose à la nature et ça j’adore ça. »
Les symposiums
À l’arrivée nous sommes accueillis par « la traversée », une sculpture posée au sol représentant une procession de petits personnages en terre cuite sillonnant la forêt.
Une invitation à la traversée et aux découvertes qui ponctuent le site. Louise Blanchard nous guide au travers de ces multiples sentiers qui s’entrecroisent dans une ambiance conviviale. Elle nous livre l’histoire du lieu.
Les sentiers se sont alors construits au fur et à mesure du temps et des œuvres, à chaque nouveau symposium, l’occupation, la sonorité, la traversée s’est enrichie.
La ballade est une remontée dans le temps sur ce lieu. « Les carillons » (construits par les visiteurs), nous replongent dans les œuvres passées, les vestiges des œuvres communes nous renvoient à toutes ces activités collectives. Des nuages délicats d’oiseaux en terre cuite de toutes sortes, « La forêt enchantée » nous renvoie à l’imagination d’une centaine d’enfants, « La pêche miraculeuse », des bassins remplis de poissons-poteries farfelus, les bateaux, « Le voyage » couverts de personnages insolites nous accompagnent dans la forêt tout en nous rappelant les visiteurs d’avant nous et leur traces laissées à l’atelier de poterie.
Entre les barrages construits par les castors et les grands arbres de cette forêt on trouve des lits suspendus au sommet des arbres pour « rêver haut » ; des chambres aux murs transparents suspendus dans les arbres, où la raison y est d’abord contenue puis les cloisons disparaissent petit à petit pour laisser l’inconscient prendre sa place et enfin la chambre disparaît pour l’envol des pensées.
« La première chambre c’est plus la raison, c’est parfaitement carré, il y a des murs où l’artiste a même traité le bois pour qu’il ne grisonne pas. La deuxième c’est l’inspiration où notre inconscient et les idées qui nous arrivent. La troisième, il n’y a plus de cloison et c’est l’envol de l’idée. » Louise Blanchard.
Le long des sentiers des hamacs rythment le parcours. Ils invitent à prendre une pause, penser, réfléchir analyser ou tout simplement faire la sieste.
À la croisée des sentiers, une toile tendue entre des troncs nous attend. Celle-ci est constituée d’un assemblage d’assises de chaises et un squelette de chaises face à cette œuvre comme une mise en résonance.
Louise nous explique le rapport au lieu : « Le fond de chaise est fait avec des matériaux de la nature et il est remis dans la nature ».
Le nouveau sentier dédié à cette année démarre sur un site plein de vestiges d’artistes passés. Il y a une mise scène de la roche et du site.
Sylvie nous livre ses sensations sur le lieu : « C’est bien de voir des structures dans la nature, on sent l’intégration avec la nature et on devrait voir ça plus souvent ».
Un artiste vénézuélien a peint sur la roche, un autre artiste a sculpté ses maisons dans les troncs, comme des petites maquettes sorties des contes de fées.
Véronique, exploratrice des Jardins du Précambrien nous livre ses impressions : « C’est très varié puis je trouve que souvent il y a une connotation architecturale, ce qui est très intéressant. L’œuvre sonore interactive est vraiment plus contemporaine. C’est très bien aménagé, c’est un territoire aménagé, je trouve ça intense ».
Une belle ballade estivale à envisager.